30 mai 2018

Hommage à Alexis Deswaef qui quitte la présidence de la Ligue des Droits Humains après 6 ans de mandat

Alexis Deswaef conclut la matinée de présentation des Plans Grande Dépendance à la Maison des Parlementaires le 3 février 2014. Alexis Deswaef, président de la Ligue des Droits Humains, a quitté son poste après 6 ans de mandat bénévole. Il aura marqué cette période par un travail acharné sur le terrain, à côté de ses concitoyens. Il aura été souvent interpellé par les média, il aura très souvent interpellé les politiques, il aura été de tous les combats qui engagent les droits humains. Aujourd’hui, nous lui rendons aussi hommage parce qu’il a œuvré, de manière peut-être moins médiatisée mais tout aussi percutante, pour les droits des personnes handicapées de grande dépendance. Cinzia Agoni, porte-parole du GAMP, se souvient des premiers contacts avec Alexis, bien avant qu’il n’accède à la présidence de la LDH : « C’était début 2006, le GAMP n’avait que quelques mois d’existence. Nous avions organisé une série de manif auprès du monde politique, les Ministres bruxellois et fédéraux …  Et voilà qu’un gars que je ne connais pas du tout m’envoie copie d’un mail enflammé destiné à des politiques…  Il s’indigne, il dénonce les carences de l’Etat belge en matière d’aide aux enfants polyhandicapés et à leurs familles abandonnées par le système. Il nous soutient. Il écrira d’ailleurs un article sur les droits mentionnant notre cause ». Alexis Deswaef participe à quelques sit-in du GAMP. Il y vient avec sa première fille Ludmilla, un prénom rare qui signifie en vieux slave « aimée de son peuple ». « Et Ludmilla était aimée… » se rappelle Cinzia « Nous partagions avec Alexis la même expérience d’élever un enfant « différent ». Nous partagions l’angoisse d’un futur fragile, les difficultés accrues de la vie quotidienne. Et nous partagions la rage face au désespoir de certaines familles » D’aucuns se souviennent encore d’Alexis forçant le barrage de la police lors du sit-in visant le Premier Ministre de l’époque Guy Verhofstadt. Seules 5 personnes sont admises au cabinet du Premier, mais il commence à pleuvoir, les parents amassés en zone neutre avec leurs enfants handicapés doivent s’abriter ou déguerpir.  Or, ils ne veulent pas s’en aller, ils attendent le résultat de la rencontre ! « Suivez-moi ! » dit Alexis en repérant une brèche et hop en avant, avec Ludmilla dans la poussette, suivi par d’autres parents et d’autres voiturettes. La police n’oppose aucune résistance… une foule très atypique marche le long du parc vers le 16 rue de la Loi, où tout le monde peut finalement s’abriter. Quelques années plus tard, en 2010, le GAMP frappe à la porte du Cabinet d’avocats Quartier des Libertés dont Alexis fait partie. « On en avait assez d’attendre que des hypothétiques promesses se concrétisent, il fallait donner un coup de pied dans la fourmilière. Il fallait que l’on prenne à bras le corps la problématique du manque de places et de services pour les personnes lourdement handicapées adultes. Il fallait une action en justice contre l’Etat belge pour violation de la Charte sociale européenne » raconte Cinzia. « Il nous a aidés, soutenus, conseillé une avocate compétente : Véronique van der Plancke. Elle avait déjà gagné une cause similaire auprès du Comité Européen des Droits Sociaux pour les gens du voyage. Mais en matière de handicap, cette réclamation collective était une grande première en Belgique, du jamais vu auparavant, un peu comme nos sit-in… » se souvient Cinzia en souriant « Nous avons réuni une vingtaine d’associations autour de nous. La réclamation a été déposée par la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme en décembre 2011, juste au moment du premier mandat d’Alexis à la présidence de la Ligue belge francophone. » Un an et demi après, en juillet 2013, la Belgique est condamnée pour carence de solutions d’accueil pour les personnes adultes handicapées de grande dépendance. C’est un électrochoc pour les instances communautaires et régionales. Flandre, Wallonie et Bruxelles sont épinglées par le Comité Européen des Droits Sociaux et doivent présenter au Conseil des Ministres européen des plans d’action pour remédier aux carences. En février 2014, les trois Ministres compétents acceptent de présenter ces plans aux associations réclamantes qui sont à l’origine de leur condamnation. Autant dire que la situation est quelque peu tendue. « Je me souviendrai toujours de cette matinée » dit Cinzia « Les 3 ministres en charge du handicap avaient présenté les Plans Grande Dépendance et s’étaient engagés à les déployer. Plusieurs questions venant des parents et des associations avaient fusé dans la salle, des témoignages aussi. En conclusion de la matinée, Alexis a pris la parole. Son discours a déchiré l’ambiance feutrée de la salle, ses mots ont fustigé l’autosatisfaction de nos ministres … Nous, parents, avons ovationné Alexis qui disait tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. A savoir qu’il nous faudrait garder la pression encore longtemps car les mesures préconisées n’étaient pas suffisantes. Les politiques étaient furieux, ils n’en sont pas sortis indemnes » Depuis, nous continuons à avoir des contacts avec la Ligue des Droits Humains, notre collaboration s’est renforcée. Lorsque l’on se bat pour des droits humains, quels qu’ils soient, on se bat pour tous les droits. Il n’y pas des droits plus justes que d’autres » conclut Cinzia « Je suis confiante en l’avenir. Même si Alexis quitte la présidence de la Ligue, je sais qu’il continuera à œuvrer pour les droits de nos enfants. Et nous avons encore bien de combats à mener en collaboration avec la Ligue des Droits Humains, tout un programme ! » Bon vent Alexis, merci pour cet engagement sans faille et à très bientôt !

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